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L'Architecture de bois et de terre de Moravie du Sud













 

B.Un historique
Le plus ancien habitat documenté sur le territoire morave était une aire d'habitat creusé dans le sol, à une seule pièce couverte par un toit en bâtière ou à croupe qui reposait sur une structure en bois et sur le sol. Les murs, cachés sous le toit, étaient en osier tressé et enduits d'argile. On accédait à la pièce par un escalier. Cet habitat préhistorique a subsisté jusqu'à la fin du Moyen Age dans le milieu campagnard et urbain, tout en gardant un caractère plutôt provisoire. Avant l'arrivée des Slaves (IVe - VIe siècles) la pièce était chauffée par un feu ouvert, plus tard sont apparus des fours compacts à emploi multiple.

 

A espace unique

A deux Espaces

A trois et plusieurs espaces
1 Aire d'habitation

3. Espace habitable et hall
(Ve siècle)

7.Espace de stockage comme construction séparée
2. espace habitable
4. Espace habitable et hall
(VIIIe - IXe siècle)
8. Espace de stopckage intégré à la maison
(1e moitié XIIIe siècle)
5. Espace habitable avec four et foyer ("noir") et hall froid
9. En milieu pauvre, espace de stockage remplacé par une étable
6. Espace habitable clair avec poêle + hall, foyer et four

(Plus tard séparé en partie comme cuisine "noire")
10. Ajouts, disposition en plusieurs segments
 

C'était l'empire de la Grande Moravie qui a initié l'utilisation de matériau de construction nouveau comme la pierre. Son centre se trouvait sur le territoire de la Slovaquie morave actuelle - dans le sud-est de la Moravie le long de la rivière Morava. D'abord, ce matériau solide n'a été destiné qu'aux bâtiments religieux. Pour des fermes courantes on continuait à employer le bois et la terre traditionnels.

Au Moyen Age culminant, suite aux transformations économiques et de nouvelles vagues de colonisation interne (XIIIe et XIVe siècles), l'architecture campagnarde développe le plan tripartite. L'habitat a été divisé en pièce centrale flanquée d'un côté d'une chambre habitée, de l'autre d'une pièce de stocage de garde-manger. Comme on peut vérifier dans les bâtiments postérieurs conservés, ce principe n'a pas trop changé au cour des siècles postérieurs.

L'évolution ultérieure de l'architecture populaire peut être identifiée selon l'emplacement du foyer. D'abord apparaît la combinaison du four et d'un feu ouvert, situés ensemble dans un des coins intérieurs de la chambre. Toute la fumée du feu et du four s'échappait vers la partie supérieure de la pièce dont la hauteur atteignait pour cette raison jusqu'à 4 mètres. Certains plafonds étaient en bois et possédaient une voûte. La fumée partait par des soupirails situés sous le plafond. Aux XVIe et XVIIe siècles ce système de chambre "noire" a connu certaines transformations: la gueule du four et la surface du foyer ont été orientées vers l'intérieur de la pièce habitable. Cette intervention a transformé la chambre en espace clair. L'endroit qui servait à la manipulation du four était séparé de la pièce principale d'une manière optique - par un bandeau de voûte ou par ce qu'on appelle la cuisine noire. De toute façon, la pièce continuait à se servir de l'éclairage supplémentaire provenant d'un feu ouvert d'une cheminée de mur. La fumée partait de la cuisine où elle rejoignait celle du feu ouvert et du four pour s'échapper par la cheminée au-dessus du toit de la maison. Les cheminées les plus anciennes étaient en bois, enduites d'une couche épaisse d'argile et leur base se trouvait dans une grande ouverture du plafond ou dans la voûte de la partie correspondante à la cuisine.

La fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle a apporté de nombreuses innovations dans l'architecture populaire. Des impulsions internes, comme venant de l'administration d'État, une législation contre l'incendie et l'arrivée des projeteurs formés ont causé l'épanouissement d'une nouvelle technique de construction, connue jusqu'alors surtout dans les grandes villes. Ansi; l'architecture maçonnée a commencé à se généraliser, souvent en imitant des éléments de style les plus remarquables des résidences urbaines et seigneuriales. Maintes façades de cette époque ont un caractère renaissant, baroque ou classique aux éléments adoptés plutôt d'une manière symbolique.

Dans la région du Massif Morave c'était la pierre (granite, grès) qui est devenue le matériau de construction, alors que dans les régions de Loess (partie est de la Moravie du Sud) il s'agissait de la brique crue ou cuite.

La fin du XIXe et la première moitié du XXe siècle a apporté à la campagne de nouveaux éléments urbains concernant la construction ou une disposition meilleure équipée, ce qui a signifié également que des maisons à pignon ont fini par être alignées les unes à coté des autres. Les façades continuent à imiter avec du retard les styles urbains. On peut tout de même constater que ce type de maison campagnarde correspond à la structure médiévale tout en gardant sa disposition d'antan.

L'arrivée du socialisme après la IIe guerre mondiale a signifié une interruption forcée des traditions dans l'architecture populaire. Dû à la philosophie officielle des 40 ans qui ont suivis, la plupart de fermes s'est transformée en entités incohérentes manquant du continu historique ainsi que d'harmonie avec le paysage environnant.

 

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