LA THIERACHE
3. LES TECHNIQUES
LE PAN DE BOIS : Les granges thiérachiennes
On trouve encore en Thiérache des granges aux vastes dimensions. Conçues à l'origine pour le battage des grains, elles se sont transformées en remise à foin et servent aujourd'hui aux usages les plus divers Les granges thiérachiennes fréquemment appelées "cathédrales de bois" permettent la découverte de la technique d'assemblage des bois.
Tout comme les maisons d'habitations, elle se compose d'un soubassement en brique et silex qui sert à poser de manière stable la structure en bois du bâtiment.
 Construction soubassement en brique |
 Restauration du soubassement et changement de la sablière basse |
 Construction soubassement en brique |
En partie basse, au dessus du soubassement en maçonnerie qui permet d'isoler le bois du sol, se trouve la sablière* basse dans laquelle viennent s'assembler les tournisses* et décharges *, cette dernière empêchant l'ensemble de basculer et de se coucher selon le principe de la triangulation.
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Des piliers centraux symbolisent un homme campé sur ses jambes écartées soutenant la toiture de ses bras levé : "homme debout"
hommes debout soutenant une grange à Haution
Afin de former un tout avec ces bois, il fallait réunir les diverses pièces par un assemblage à mi-bois, le tout maintenu par des chevilles généralement en chêne.
Habituellement, c'est le chêne ou le châtaignier qui servait à l'élaboration de ces structures de bois. En général, le bois restait brut ou était passé au brou de noix afin de conserver une harmonie de couleur entre le bois et le remplissage en torchis.
De telles constructions ne sont plus entreprises actuellement en Thiérache. Mais, dans un souci de préservation du patrimoine bâti, de nombreuses opérations de démontage-remontage ont été menées. Certaines granges converties en bâtiment public(salle des fêtes) trouvent ainsi un nouvel usage, gage de leur survie.
Lors des opérations de démontage de la grange endommagée, chaque pièce de bois est numérotée puis démontée.
Sur le nouveau lieu de construction, un soubassement est construit.
Un véritable jeu de construction grandeur nature commence alors. Les pièces de charpente sont assemblées au sol et les pans de bois sont dressés et placés à l'aide d'une " chèvre ".
Ossature pan de bois dressée à l'aide d'une " chèvre "
De nombreuses entreprises de réparation ont également été menées par des associations de sauvegarde, des associations d'insertion ou des artisans. En général, le soubassement et la sablière basse souffrent des outrages du temps et doivent être remplacés. La grange est alors mise en suspension sur des étais, le vieux soubassement est supprimé. Le pan de bois serré entre des bastaings est redressé et maintenu, les tenons et les mortaises sont rafraîchis, une nouvelle sablière est mise en place.
Quelques exemples d'assemblage
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De magistrales granges subsistent aujourd'hui en Thiérache, (plus de 3000 selon un inventaire réalisé en 1986) d'époque ou restaurée, leur monumentale ossature constitue un ouvrage remarquable au milieu de la campagne verdoyante(voire infra)
Pour les granges comme pour les habitations, le remplissage du pan de bois sera réalisé grâce au torchis.
Pour la pose et l'accrochage de ce torchis, des éléments de bois plus fins sont posés entre les poteaux.
Traditionnellement, il s'agissait de palençons * mis en force entre les poteaux de remplissage.
Des clayons en bois souple de noisetier sont ensuite enfilés verticalement devant et derrière des palençons.
Les palençons sont souvent remplacés par un lattis cloué sur les potilles. Un lattage est cloué verticalement sur les poteaux et potilles et un contrelattage est fixé horizontalement(écartement de 5 à 7 cm) afin de permettre la pose du torchis.
 les clayons servent de support au torchis sorbais (le sorbais est un vieux torchis fixé sur un lattis) |
 Clayonnage sur 1 palançon |
 Vieux torchis fixé sur un lattis |
